Formé à l’école de rugby de Toulouse Montaudran, passé pro au Stade Toulousain, Jean-Bernard Pujol a rejoint cette année l'USAP et fait l'objet d'un bel article sur l'indépendant.

Jean-Bernard Pujol incarne cette jeunesse sur laquelle le staff de l'USAP s'appuie. Comme l'USAP, l'ailier apprend à grandir en Pro D2.

La Pro D2 est tout sauf le cimetière des éléphants. Si ce championnat fait, aussi, la part belle à l'expérience, il permet également à la nouvelle génération de s'exprimer. A l'USAP, Jean-Bernard Pujol est l'un de ces espoirs qui incarnent cette jeunesse sur laquelle le staff s'appuie. "C'est vraiment motivant, ça incite à bosser encore plus pour s'imposer", explique le trois-quarts. A 22 ans, Pujol, a décroché ses trois premières titularisations, toutes à l'aile, en Pro D2 (à Montauban, contre Agen et lors de la défaite à Biarritz 23-18) depuis son arrivée à Perpignan cet été. "J'ai fait trois matches propres, sans éclats. Il faut que je donne plus, que je fasse plus de différences pour mettre l'équipe dans l'avancée", assène-t-il avec sévérité. Ce jugement sans concession, cette exigence, il la doit à son éducation rugbystique. Pujol a en effet été élevé à l'école de la performance et de la concurrence du Stade toulousain dès les cadets. Comme avant lui le n°8 catalan Karl Chateau, ou une autre recrue arrivée de la Ville rose cette saison, le 2e ligne Bastien Chalureau, blessé. Une école faite de beaucoup d'appelés pour peu d'élus. "Au Stade, il y a énormément de concurrence. Elle forge le caractère, prépare aussi à la concurrence dans la vie. Mis à part la frustration de ne pas jouer, cela forge aussi un mental", pense l'international en catégories jeunes.

Génération championne d'Europe

Pujol a donc privilégié le temps de jeu, préférant judicieusement aller le chercher en Pro D2. "J'ai choisi de descendre d'un niveau pour augmenter mes chances. Avec Bastien (Chalureau), nous n'avions pas de temps de jeu avec les pros à Toulouse. Il fallait rebondir dans un club ambitieux qui voulait se reconstruire comme l'USAP. Les deux projets ont coïncidé, et cela s'est fait naturellement. Avec Perpignan, on repart dans une nouvelle aventure", affirme le joueur qui s'est engagé trois années, la première avec un contrat espoirs, les deux suivantes sous contrat professionnel. Pujol, venu au rugby en banlieue toulousaine à Montaudran, n'a pas débarqué par hasard à Aimé-Giral. Il y a retrouvé ses potes de la génération championne d'Europe en moins de 18 ans en 2010, tels Tom Ecochard, Raphaël Carbou, Karl Chateau et Bastien Chalureau. "Le fait qu'il y ait des joueurs que je connaissais en sélection a facilité les choses", avoue-t-il. L'autre facteur important a été la possibilité de concilier rugby pro et études grâce à l'Institut d'administration des entreprises (IAE) de l'Université de Perpignan. "J'ai la chance de bénéficier d'un emploi du temps aménagé à l'IAE et c'est super", apprécie ce titulaire d'un BTS en management des unités commerciales, actuellement en licence en économie et gestion. Arrière avec les espoirs toulousains - son père, Bernard ex-joueur du Toulouse Olympique à XIII a aussi été arrière à Castres à XV en élite - le joueur, qui ne bute pas, avoue une préférence pour l'aile.

"Finir la moindre occasion"

"J'aime bien être ailier, on est libre même s'il y a des contraintes sur le second rideau défensif. On peut intervenir partout, faire la différence. Il y a plus de responsabilités à l'arrière", assure-t-il. Intéressant depuis ses débuts à Montauban, Pujol, qui se propose beaucoup, espère avoir plus de munitions pour continuer à s'épanouir. "Je me sens à l'aise dans le jeu mis en place même si je n'ai pas encore trop touché de ballons. Je dois me proposer plus, prendre plus de risques, tenter plus tout en assurant. On sort de Toulouse avec un état d'esprit de jeu, de relance. La Pro D2 est assez compliquée, le jeu est assez fermé, il faut finir la moindre occasion", analyse celui dont la référence est Yoann Huget. Tandis que l'arrière-ailier toulousain devrait avoir défié les Fidji avec le XV de France la veille, Pujol, lui, sera à Dax dimanche. Avec l'espoir de ramener un premier succès en déplacement. "A Biarritz, on n'était pas loin de la vérité", pense l'ailier. En espérant que la vérité vienne des Landes.

Valérie Huck - Source: l'indépendant du 6 novembre 2014, Photo Harry Jordan